Vous le ressentez au plus profond de vous… Ce sentiment de ne pas mériter vos réussites, d’avoir l’impression de tromper tout le monde ou d’avoir juste eu de la chance. C’est ce qu’on appelle le syndrome de l’imposteur. Que vous soyez entrepreneur, freelance, salarié ambitieux ou étudiant, ce mal-être silencieux touche des millions de personnes, souvent les plus compétentes et engagées. Plutôt ironique, non ?
Mais contrairement à ce qu’on pense souvent, le syndrome de l’imposteur ne se manifeste pas de la même façon chez tout le monde. Il prend différentes formes, parfois subtiles, parfois visibles, mais toujours sournoises.
Reconnaître le type de syndrome de l’imposteur auquel on fait face, c’est déjà un premier pas vers la liberté. Car oui, (et heureusement) ce n’est pas une fatalité. Bien que reconnaître ses compétences ne soit pas toujours lié à un excès d’ego de votre part.
Alors, il ne reste plus qu’à voir ensemble les 5 types de syndrome de l’imposteur pour, dans un premier temps, vous aider à mettre des mots sur ce que vous ressentez. Mieux comprendre certains de vos blocages pour par la suite commencer à vous en libérer.
1. Le Perfectionniste : Toujours plus pour être « parfait »

C’est celui qui va relire son mail 15 fois avant de l’envoyer. Celui qui travaille jusqu’à pas d’heure pour que chaque petit détail soit irréprochable, même si personne ne le verra. Celui qui pense que si ce n’est pas parfait, c’est que c’est nul.
Chez le perfectionniste, le syndrome de l’imposteur se manifeste par un besoin de prouver sa valeur en étant irréprochable. La moindre erreur devient un drame, une tâche mal faite devient une preuve qu’on ne mérite pas sa place. Il s’épuise à force de chercher des normes qui n’existent pas. Malheureusement, j’ai fait partie de cette catégorie de syndrome de l’imposteur pendant longtemps, alors je connais bien l’épuisement moral de toujours tout passer au peigne fin.
Mais au fond, j’ai fini par comprendre que ce n’est pas tant la recherche d’excellence qui pose problème, mais plutôt la peur panique de l’échec et du jugement. Le perfectionnisme devient un bouclier contre le sentiment d’imposture. “Si je fais tout parfaitement, alors on ne verra pas que je suis un imposteur”… sauf que ça ne fonctionne pas comme ça.
A. Les signes qui ne trompent pas
- Vous avez du mal à déléguer, car “personne ne fera aussi bien que vous”
- Vous êtes rarement satisfait de votre travail, même quand il est bon
- Vous procrastinez parfois… par peur de ne pas faire assez bien
- Vous fixez des objectifs irréalistes, puis vous vous en voulez de ne pas les atteindre
- Un compliment sur votre travail ? Vous répondez “oui mais j’aurais pu mieux faire…”
B. Comment s’en sortir ?
Comme toutes celles que je vais vous montrer, il n’y a pas de méthode universelle, alors à vous de tester. Cependant, j’ai quand même quelques pistes pour vous.
Pour commencer, il est essentiel d’accepter que la perfection n’existe pas, du moins pas dans la vraie vie.
Essayez aussi de voir vos erreurs comme des opportunités d’apprentissage plutôt que comme des preuves de votre incompétence. Personne ne vous demande d’être infaillible. Vos compétences parlent déjà pour vous, même quand vous doutez.
Enfin, prenez l’habitude d’être plus bienveillant envers vous-même, ou comme j’aime bien le répéter à mes proches qui se lancent à leur compte : « Ne soyez pas votre pire patron ».
2. L’Expert : Vous vous sentez incompétent, même avec une expertise reconnue
Vous êtes celui ou celle à qui on demande toujours conseil. Celui qu’on appelle “la bible vivante” dans son domaine. Vous accumulez les connaissances, les formations, les expériences… et pourtant, au fond, vous avez l’impression de ne jamais en savoir assez.
Le profil de l’expert souffre d’un besoin insatiable de connaissances pour se sentir légitime. Même lorsque les preuves de compétence sont nombreuses, il continue de douter. Il redoute la question piège, celle à laquelle il ne saura pas répondre, comme si cela allait suffire à prouver que tout ce qu’il a accompli jusque-là n’est qu’un bluff bien ficelé.
Ce n’est pas l’expertise qui lui manque, c’est la permission de se sentir compétent sans avoir coché toutes les cases.
A. Les signes qui ne trompent pas
- Vous vous sentez mal à l’aise quand on vous appelle “expert”
- Vous évitez certaines opportunités par peur de ne pas être à la hauteur
- Vous passez énormément de temps à lire, vous former, valider vos connaissances, même pour des sujets que vous maîtrisez déjà
- Vous minimisez vos réussites en pensant que “vous ne faites que votre job”
- Vous êtes angoissé à l’idée de ne pas savoir répondre à une question
B. Comment s’en sortir ?
Le premier pas pour sortir de cette spirale, c’est de reconnaître que la compétence ne veut pas dire tout savoir. Aucun expert n’a réponse à tout, et c’est normal. Ce n’est pas un aveu de faiblesse de dire “je ne sais pas” ou “je vais me renseigner”, bien au contraire. C’est un signe d’humilité… et de professionnalisme.
Il est aussi important de vous reconnecter à vos résultats concrets. Les retours positifs, les projets réussis, les gens qui vous font confiance. Tout ça, ce n’est pas le fruit du hasard. Alors arrêtez de chercher une légitimité externe infinie et commencez à accepter celle que vous avez déjà construite, par l’expérience et l’action.
3. Le Solitaire : Vous n’acceptez jamais d’aide

Vous préférez tout faire vous-même, quitte à vous épuiser. Pas parce que vous aimez tout contrôler… mais parce qu’au fond, demander de l’aide vous donne l’impression de trahir une image que vous cherchez à maintenir : celle de la personne compétente, indépendante, fiable.
Dans votre esprit, si vous avez besoin d’aide, c’est que vous ne méritez pas votre place.
Le Solitaire se sent illégitime à tel point qu’il pense devoir prouver sa valeur en permanence. Il croit que s’il montre la moindre faiblesse ou dépendance, les autres découvriront enfin “la supercherie”. Alors il s’isole, se surcharge, et s’enferme dans une logique de performance en solitaire.
A. Les signes qui ne trompent pas
- Vous vous sentez mal à l’idée de demander de l’aide, même pour un petit détail
- Vous avez du mal à déléguer, même quand vous êtes débordé
- Vous pensez que les autres vont vous juger si vous montrez que vous galérez
- Vous êtes convaincu qu’il faut “se débrouiller seul pour mériter le succès”
- Vous avez l’impression de devoir toujours prouver quelque chose, même aux gens qui vous font confiance
B. Comment s’en sortir ?
Commencez par accepter cette vérité : demander de l’aide ne vous rend pas moins compétent. C’est souvent tout l’inverse. Reconnaître vos limites, c’est faire preuve de lucidité et de maturité. Aucun projet sérieux ne se mène seul. Même les entrepreneurs à succès s’entourent, posent des questions, et s’appuient sur les autres.
Essayez aussi de faire un petit pas : la prochaine fois que vous êtes bloqué, demandez un conseil ou un avis à un collègue de confiance. Vous verrez que les gens sont souvent ravis d’aider.
4. Le Super-héros : Travailler plus dur pour compenser la « faiblesse »
Vous êtes de ceux qui restent tard au bureau, qui ne décrochent jamais vraiment en vacances, et qui culpabilisent dès qu’ils lèvent le pied. Dans votre tête, pour mériter votre place, vous devez en faire plus que les autres. Tout le temps. Sinon, le masque tombe, et tout le monde voit que vous n’êtes “pas à la hauteur”.
Le Super-héros ne se sent légitime que dans l’effort. Il se persuade que pour “mériter” sa réussite, il doit souffrir, s’épuiser, prouver constamment sa valeur en travaillant plus que les autres. Ce comportement est souvent applaudi en surface. On admire sa rigueur, son engagement, sa productivité… sans voir ce qui se joue en coulisses : le stress chronique, la peur de l’échec, l’épuisement mental.
A. Les signes qui ne trompent pas
- Vous travaillez plus que nécessaire, même quand ce n’est pas demandé
- Vous culpabilisez quand vous vous reposez ou que vous prenez une pause
- Vous avez du mal à dire non, même si vous êtes surchargé
- Vous vous sentez inutile ou “vide” quand vous n’êtes pas productif
- Vous avez l’impression que votre valeur dépend uniquement de vos résultats
B. Comment s’en sortir ?
Apprenez à vous détacher de l’idée que la réussite passe forcément par le surmenage. Travailler dur est une qualité, mais pas au prix de votre santé mentale. Surtout, donnez-vous le droit d’exister en dehors de vos performances. Vous n’avez pas besoin de vous transformer en machine pour mériter votre place.
5. Le Chanceux : Vous avez l’impression que vos réussites sont dues au hasard

Quand vous réussissez quelque chose, votre premier réflexe n’est pas de vous féliciter… mais de minimiser. “J’ai eu de la chance”, “Je suis tombé sur les bonnes personnes”, “C’était un coup de bol”. Bref, si vous êtes là où vous êtes, ce n’est sûrement pas grâce à vos compétences, mais parce que les étoiles se sont alignées.
Le Chanceux vit avec la sensation de tromper son monde. Il a beau avoir de l’expérience, des résultats, ou même des compliments… rien n’y fait. Dans sa tête, ses succès sont des anomalies. Ce type de syndrome est (selon moi) le plus fourbe, car il empêche de savourer ses victoires mais aussi de douter de ses projets futurs.
A. Les signes qui ne trompent pas
- Vous attribuez vos succès à des facteurs extérieurs (chance, aide, timing)
- Vous pensez que d’autres auraient fait mieux à votre place
- Vous redoutez que l’on découvre que “vous ne savez pas vraiment ce que vous faites”
- Vous êtes mal à l’aise quand on vous félicite ou qu’on vous met en avant
B. Comment s’en sortir ?
Commencez par reconnaître vos réussites, il n’y a pas de secret… Oui, parfois il y a un facteur chance, mais la chance ne fait pas tout. Vous avez pris des décisions, surmonté des difficultés, apporté de la valeur. Si cela peut vous aider, notez sur un papier vos accomplissements, aussi petits soient-ils.
Pour finir, bannissez les justifications très longues pour dévaloriser vos efforts et contentez-vous d’un simple « merci » lorsque quelqu’un vous félicite.
Ce qu’il faut retenir
Comme vous le voyez, il y en a pour tout le monde, peu importe votre personnalité. Le syndrome de l’imposteur n’épargne personne.
Cependant, comme nous l’avons vu ensemble à travers les 5 types les plus courants du syndrome de l’imposteur, il ne s’agit pas d’un manque de compétences. Bien au contraire. Ce doute intérieur touche souvent ceux qui sont les plus consciencieux, les plus impliqués, ceux qui veulent bien faire.
Si vous vous reconnaissez dans l’un de ces profils, rappelez-vous que ce n’est pas une faiblesse, c’est un signal, un appel à ralentir et à vous écouter. Alors plutôt que de laisser le syndrome de l’imposteur saboter vos projets, apprenez à repérer ses mécanismes et à le déconstruire. C’est un chemin, oui. Mais c’est aussi une libération.
Gardez en tête que votre légitimité ne se prouve pas, elle se vit et vous en êtes déjà bien plus proche que vous ne le croyez.