Peu de gens le savent, pourtant l’estime de soi peut déclencher cette tendance à repousser les tâches. Mais alors, en quoi est-elle un déclencheur ? Qu’est-ce qui définit l’estime de soi ? Y a-t-il un rapport avec la confiance en soi ? Et comment renforcer son estime de soi pour éviter de procrastiner ?
Comprendre la procrastination
C’est une thématique qui demande encore quelques précisons tant il y a de croyances erronées à son sujet. En vrac, « celui qui procrastine est un fainéant, quand on veut on peut, il suffit de se motiver ». Vous imaginez bien que si c’était aussi facile à gérer nous n’aurions même pas besoin de parler de cette tendance à repousser les tâches.
J’apprécie utiliser l’image de l’iceberg (même si elle souvent prise en exemple) car elle communique rapidement une image claire. La partie visible nous montre des procrastinateurs qui repoussent leurs actions, qui perdent du temps, qui chipotent, qui ne font pas ce qu’il y a à faire, qui prennent du retard etc.
Mais en dessous de la ligne de flotaison, il y a tout un monde qui s’est construit au fil du temps et qui s’appuie sur de nombreux facteurs psychologiques. Si vous souhaitez passer de la procrastination à l’action, j’ai malheureusement une mauvaise nouvelle. Ce ne sont pas des outils d’organisation qui vont régler la problématique. Les outils sont les cerises sur le gâteau. Ils viendront compléter un travail sur vous plus profond.
Si votre estime de soi est faible, vous fournir une astuce telle que commencer vos journées par les tâches qui vous ennuient le plus, ne changeront rien à ce que vous ressentez. En revanche, vous intéresser à ce qui se passe en vous (ressentis), à vos comportements inadéquats et à vos pensées qui vous bloquent, vous permettra de trouver des solutions pérennes.
Donc, si vous procrastinez, soyez conscient que la cause ne vient pas que d’une gestion de votre agenda.
Qu’est-ce qui provoque la procrastination ?
Il y a notamment :
- Des peurs liées à l’échec, au changement, à la réussite, à la perte d’autonomie ou à la séparation (ne plus avoir de lien avec les autres).
- Un manque de confiance en vous et ou d’estime de soi
- De la démotivation
- Un ennui féroce
- Parfois un manque de compétences ou de formations
- Une anxiété plus forte que la moyenne
- Du stress qui bloque les actions
- Une concentration défaillante
- Le temps qui est mal évalué
- De la fatigue accumulée
- Du manque de sens lié aux activités
À travers ces quelques critères, vous remarquez sans doute que les facteurs déclencheurs de la procrastination sont plus subtiles qu’il n’y parait à la vue de la partie émerger de l’iceberg.
Dès lors, il est essentiel de s’attaquer au fond du problème pour avancer concrètement. Sinon, vous allez ajouter du sparadrap sur d’autres pansements et la procrastination sera toujours la grande gagnante.
Procrastinations active et passive
J’apporte à votre attention ces deux types de procrastination afin de vous faire une idée encore plus précise de ce phénomène.
L’active est celle que vous choisissez délibérément. Vous avez besoin de temps pour vous, vous anticipez, vous reposez votre esprit… Bref, vous restez maître de la situation et vous n’êtes pas contre l’idée de réaliser vos tâches. Mais, pas maintenant.
La passive est celle qui nous intéresse. Celle-ci est plus « vicieuse » et capricieuse. Elle prend racine dans l’inconscient et vous pourriez-dire « je voudrais bien mais je ne peux point ». En quelque sorte, malgré tous vos efforts, c’est plus fort que vous. Et dans ce cas-là, la recherche de satisfaction immédiate va largement prendre le dessus sur les efforts à fournir.
Vous savez, le plaisir immédiat est la grande force des réseaux sociaux et des plateformes de streaming entre autres. Mais c’est aussi prendre un café avec un ami alors que vous avez un dossier urgent à rendre à votre patron.
Maintenant que vous avez une vision plus précise de la procrastination, intéressons nous à une de ses causes. Ce facteur est un des plus courants avec l’anxiété.
Qu’est-ce que l’estime de soi ?
Longtemps, elle a été appelée « amour-propre » avec tout ce que cela laissait supposer. En positif, la dimension affective rendait l’idée très humaine, très émotionnelle. À l’inverse, le terme amour-propre décrivait une personne particulièrement narcissique. On retrouve ces deux polarités dans « estime de soi » mais à des degrés différents.
Les études et les travaux ont apporté plus de nuances. Cependant, une personne à haute estime d’elle et stable présentera toujours une image d’imbu d’elle-même. Pour se souvenir facilement de ce qu’est l’estime de soi, rappelez-vous que c’est la valeur que vous vous donnez. Elle répond à ces questions : qu’est-ce que je vaux ? Quelle est ma place ?
Mais attention, l’estime de soi est souvent confondue avec la confiance en soi. Je vais y revenir car il y a de quoi y perdre son latin. Les subtilités de la langue française peuvent nous induire en erreur. Pourtant, les deux thèmes sont différents.
Les fondations de l’estime de soi
Elles sont au nombre de trois et la troisième apporte son lot de confusions.
La première fondation est l’amour de soi et c’est la principale
Elle trouve elle-même ses racines dans l’enfance grâce à l’amour offert par la famille. Toutes les nourritures affectives ont joué un rôle essentiel dans la construction de ce socle.
Sans lui, nous vivons avec difficulté les revers de la vie.
S’aimer (au moins s’apprécier ou être un bon ami pour soi) ne dépend pas de vos performances. Cet amour que vous vous portez reste intact, peu importe ce que vous traversez dans votre vie (échecs, défauts, pertes, souffrances…). Vous comprenez que ce pilier, s’il est fissuré peut ne pas vous soutenir sur votre chemin.
La deuxième fondation est la vision de soi
Elle correspond bien sûr au regard que vous portez sur vous mais aussi au regard que les autres portent sur qui vous êtes. Si vous êtes convaincu que vous possédez des qualités, que vous les reconnaissez, que vous avez de la valeur, votre vision de vous-même, positive, vous permettra de progresser plus facilement dans votre vie.
Et parfois, cela est subjectif. Comme nous le rappelle la phrase extraite du film « Into the wild » : « Ce qui compte ce n’est pas d’être fort mais de se sentir fort ».
En tant qu’êtres sociaux, ne négligez pas la vision que les autres posent sur vous et ne croyez pas qu’elle n’a pas d’influence. Cependant, elle ne doit pas non plus dirigée votre vie au point de ne pas mener à bien vos projets.
La troisième fondation est la confiance en soi
Déjà que nous la confondons avec l’estime de soi, nous apprenons qu’elle la constitue en partie. La confiance en soi, comme le soulignent certains psychologues, c’est une prédiction. En fait, elle répond à la question « suis-je capable ? ».
Imaginez que demain vous deviez monter sur une scène pour parler devant 300 personnes. Capable ou pas capable ? Un entretien d’embauche est prévu dans quelques jours, comment vous sentez-vous ? Un ami vous invite à aller soulever des poids dans une salle de musculation. Capable ou non ? J’y reviens un peu plus loin.
L’estime de soi c’est en quelque sorte vos racines.
La confiance, elle, pourrait être représentée par le tronc, les branches et les feuilles de l’arbre. La confiance en soi s’observe donc à travers vos actes. Et c’est en passant à l’action que vous nourrissez en partie votre estime. Plus vous équilibrerez ces 3 fondations, plus votre estime de soi grandira et plus vous arriverez à la stabiliser.
Toutefois, elle est vivante et vous devrez en prendre soin tout au long de votre vie. Même si certains de ces traits sont immuables (faible ou haute, stable ou instable) il est toujours possible de la faire évoluer. De plus, les expériences que vous vivez peuvent d’une part la renforcer et vous apportez des ressources utiles. D’autre part, elles peuvent l’affaiblir notamment lors de situations critiques comme les échecs ou les obstacles trop hauts à franchir.
Comment faire évoluer son estime de soi ?
Comme elle a été souvent considérée comme un trait psychologique gravé dans le marbre, nombreux pensaient qu’on ne pouvait pas la faire bouger. Bien entendu, il était aussi convenu que plus nous avancions en âge et moins nous pouvions la faire évoluer. J’ai une bonne nouvelle pour vous, ce n’est pas le cas.
Au-delà du fait qu’une rencontre sentimentale forte peut vous faire gagner en confiance en vous ou qu’un nouveau parcours professionnel vous conforte dans la place que vous avez à prendre dans le monde, l’estime de soi s’entretient.
Il y a 3 grandes catégories sur lesquelles vous pouvez travailler.
Le rapport à vous-même, c’est-à-dire apprendre à bien vous connaitre, passer par la case acceptation de soi et développer la capacité à être franco avec vous-même. Votre capacité à agir, dont l’acceptation de l’échec et aussi mettre en silence votre critique intérieur.
Et aussi améliorer votre rapport avec les autres. Par exemple, entraîner votre assertivité (savoir s’affirmer et se positionner). Mais aussi être empathique et savoir vous appuyer sur le soutien des autres.
Les questions qui aident
Que ce soit en coaching, en thérapie ou dans d’autres activités comme le travail, le questionnement joue un rôle crucial pour progresser. Les questions nous permettent de poser un regard différent sur qui nous sommes et ce que nous faisons. Elles stimulent notre créativité et apportent des solutions inédites. Enfin, elles confrontent nos croyances à la réalité.
Pour vous aider, voici une liste de questions utiles :
- De quoi suis-capable ?
- Quelles sont mes limites ?
- Comment les repousser ?
- Quelle est la valeur que je m’accorde ?
- Que disent les autres de moi ?
- Que puis-je en retenir et m’en servir ?
- Est-ce que je mérite la sympathie ?
- Est-ce que je conduis ma vie comme je le souhaite ? Si non, comment y remédier ?
- Dans quelles situations je me sens fier de moi ?
- Comment en garder les sensations positives pour les transposer à d’autres moments à venir ?
J’ajoute un bonus important : Avez-vous pensé à devenir un expert ou au moins vous spécialiser dans un domaine de votre choix ? De nombreuses études ont démontré qu’un tel but exerçait une influence positive sur l’estime de soi. En valorisant vos connaissances, en améliorant votre sentiment d’efficacité personnelle et en favorisant la reconnaissance sociale vous vous approcherez de plus en plus de l’image idéale que vous avez de vous.
En fait, je vous invite à retenir ceci : Que ce soit pour renforcer votre confiance en vous, pour gérer votre stress, atténuer votre anxiété ou traverser vos peurs, la solution (même si elle n’est pas magique) est de passer à l’action.
Trop souvent nous inversons le processus : « Quand je serai motivé je ferai ceci», « Si j’avais confiance en moi je pourrais me lancer dans telle activité», « Je crains trop de me planter pour commencer un nouveau travail», « Mon stress est tellement important que j’en perds mes moyens».
L’estime de soi faible, un facteur de procrastination
Par peur de mal faire, en ayant une vision de soi négative (je ne mérite pas, je n’en vaux pas la peine), en se croyant incapable ou par crainte d’être rejeté, vous serez plus susceptible de procrastiner. Toutes ses pensées n’incitent pas à s’engager dans l’action, elles vous freinent dans votre progression et créent une anxiété face à l’avenir.
Le premier pas est donc d’en prendre conscience et de commencer à changer ce qui est à votre portée. Souvent, c’est en se concentrant sur des détails et en les maîtrisant petit à petit que l’on développe des compétences et que l’on commence à croire en soi. Il n’y a pas de révolution du jour au lendemain (ou que très rarement).
Ensuite, je vous suggère d’oser de nouvelles façons de vous comporter face aux tâches que vous devez réaliser :
- Imposez-vous des deadlines avec des conséquences si vous ne les respectez pas.
- Pensez plus fortement à la satisfaction que vous en retirez une fois la tâche accomplie.
- Et, soyez un bon ami pour vous, même et surtout, quand les choses ne se déroulent pas totalement comme vous l’aviez décidé.
Donc, retenez que c’est en passant à l’action que vous allez affaiblir vos craintes et que c’est en mettant la main à la pâte que vous développerez de nombreuses qualités. Souvenez- vous de l’adage qui dit que c’est en forgeant que l’on devient forgeron.
La vie est un apprentissage et si vous engagez votre responsabilité à agir, alors votre vie peut prendre une tout autre direction.
Stéphane Abry coach anti-procrastination
« J’aide les procrastinateurs à piloter leurs actions »