octobre 16, 2025
labyrinthe en forme de cerveau avec lumiere et homme

Comprendre la loi de Laborit pour vaincre la procrastination

Quand on parle de gestion du temps ou de productivité, la procrastination revient systématiquement sur la table. Pourtant, bien que ce soit un comportement que tout le monde connaît, très peu connaissent réellement l’origine réelle de cette dernière.

Pendant longtemps, ce réflexe a été interprété comme un manque de motivation, un problème de discipline ou une preuve de paresse. C’est d’ailleurs ce que beaucoup de personnes finissent par croire à force de se juger.

Mais cette explication est incomplète, voire injuste dans bien des cas.

Ce comportement a été étudié dès les années 70 par le neurobiologiste Henri Laborit, dans ce qu’on appelle aujourd’hui la loi de Laborit. Peu connue en dehors des cercles scientifiques, cette loi permet de comprendre pourquoi, dans certaines situations, nous évitons systématiquement les tâches qui nous stressent, même un peu.

Ainsi, nous verrons ensemble ce que révèle réellement la loi de Laborit sur vos moments de procrastination, et surtout comment vous pouvez l’utiliser pour vous remettre sur les rails au quotidien.

I. La loi de Laborit en clair

La loi de Laborit part d’un constat simple : face au stress ou à l’inconfort, notre cerveau cherche avant tout à fuir.

Pas à performer, ni à avancer mais à se protéger.

Henri Laborit, neurobiologiste, a étudié ce réflexe chez l’animal… puis chez l’humain. Il a observé qu’un organisme confronté à une situation désagréable ou perçue comme menaçante adopte trois types de réponses : l’attaque, la fuite, ou l’inhibition de l’action.

Lorsqu’on ne peut ni attaquer ni fuir, c’est l’inhibition qui prend le dessus. Alors on bloque, on évite et on procrastine.

Prenons un exemple : vous devez répondre à un client un peu insatisfait. Vous savez que c’est important et vous savez aussi quoi dire. Mais ce message vous met dans une tension inconfortable puisque vous risquez de devoir vous justifier, d’encaisser une critique ou de vous sentir remis en question.

Ainsi vous repoussez le plus possible, pas parce que vous êtes distrait, mais parce que votre cerveau a identifié la tâche comme une menace psychologique.

La loi de Laborit nous montre que la procrastination n’est pas une faiblesse, mais une stratégie inconsciente d’évitement du stress. C’est un réflexe automatique, souvent silencieux, qui détourne notre énergie vers des actions plus faciles, plus confortables, plus gratifiantes à court terme.

II. Ce que révèle vraiment Laborit sur la procrastination

Comprendre ce qui se joue en coulisses, c’est déjà une étape clé. Voyons maintenant comment ces automatismes prennent le dessus dans la réalité.

1. Pourquoi vous avez souvent l’impression de choisir de procrastiner

La procrastination, ne ressemble pas à de la fuite, à vrai dire elle n’est même pas violente (heureusement). Au contraire, elle est douce, silencieuse et souvent déguisée en choix qui vous paraissent parfaitement logiques.

Parce que votre cerveau adore se raconter des histoires rassurantes pour justifier une décision qu’il a déjà prise sans vous.

Henri Laborit parlait de “cerveau pensant” (le néocortex) qui vient rationaliser les décisions prises par le “cerveau émotionnel” (système limbique). C’est exactement ce qui se passe ici. L’évitement a déjà été enclenché, mais votre conscience arrive après, et brode une explication logique.

2. Le contexte joue autant que la tâche

femme qui pointe du doigt enfant en train de jouer

Ce n’est pas toujours la tâche qui vous bloque. Parfois, elle est claire, faisable, même plutôt simple mais malgré tout, vous n’arrivez pas à vous y mettre.

La vérité, c’est que le problème ne vient pas forcément de ce que vous devez faire, mais de ce qu’il y a autour. Le bruit, la fatigue, la sensation d’être observé, ou même l’ambiance d’une pièce peuvent suffire à activer ce réflexe d’inhibition décrit plus tôt par Laborit.

Une tâche qui ne poserait aucun problème en temps normal devient soudain “trop” pour aujourd’hui. Ce n’est pas la tâche qui a changé, mais votre cerveau anticipe l’inconfort.

Autrement dit, la procrastination ne surgit pas de nulle part, elle émerge dans un contexte.

3. Les effets de l’évitement prolongé

Ce que Laborit avait déjà pressenti dans ses recherches, c’est que l’inhibition n’est pas anodine. À court terme, elle sert à protéger l’organisme du stress. Mais à long terme, quand elle se prolonge et se répète, elle finit par devenir elle-même une source de tension.

C’est exactement ce qui se passe chez les procrastinateurs chroniques.

La culpabilité prend le dessus, le regard qu’on porte sur soi se dégrade et la tâche semble encore plus lourde. Puisque le cerveau, coincé dans une boucle où aucune réponse au stress ne semble possible, va naturellement s’épuiser.

C’est pourquoi comprendre ce mécanisme, c’est aussi comprendre pourquoi la procrastination n’est ni un simple défaut d’organisation ni une faiblesse de caractère. C’est un signal biologique qui, mal géré, peut se retourner contre vous.

III. Contourner la loi de Laborit sans lutter contre soi-même

Vous avez à présent une meilleure idée de ce qui se joue derrière vos réflexes d’évitement. Reste à voir comment s’en sortir intelligemment.

1. Remplacer l’évitement par de l’amorçage bref

femme qui travail avec ordinateur et cafe

Pour contourner la loi de Laborit, l’objectif n’est pas de se forcer mais de désactiver progressivement le mécanisme d’inhibition. L’amorçage bref permet de réduire la charge émotionnelle liée à l’action en abaissant le seuil d’entrée dans la tâche.

L’amorçage agit comme un levier pour interrompre l’inhibition.

C’est exactement le même principe que lorsque vous n’avez pas envie de faire de sport mais que vous enfilez vos baskets. Vous ne vous êtes pas engagé à courir 30 minutes, on est d’accord, mais vous venez de franchir la première étape. Puis, une fois les chaussures aux pieds, vous aurez déjà plus envie d’y aller qu’au départ. Parce que le plus dur, ce n’était pas l’effort physique mais le passage à l’action.

Il redonne au cerveau une sensation de contrôle et de mouvement sans déclencher l’alarme interne qui provoque l’évitement. Également, il reconditionne progressivement la relation à l’action. Donc, au lieu d’associer certaines tâches au stress, on les associe à une entrée en matière simple, neutre et accessible.

2. Mieux gérer le stress de fond

Dans ces cas-là, ce n’est pas la tâche en elle-même qui pose problème, mais l’état dans lequel on l’aborde. Quand le niveau de pression est élevé ou chronique, le cerveau est plus réactif, plus sensible à tout ce qui peut ressembler à une menace.

Il devient alors essentiel de ne pas seulement travailler sur la tâche, mais de travailler sur vous.

Cela peut passer par des ajustements dans votre hygiène de vie, mais aussi, dans certains cas, par un accompagnement thérapeutique. Quand l’évitement devient systématique de par l’anxiété, il ne s’agit plus seulement de productivité, mais de santé psychologique.

3. Commencez la tâches repoussée debout ou dans une autre pièce

femme debout travail sur ordinateur

Ne le voyez pas comme une punition, mais plutôt comme un moyen de priver votre cerveau de tout le confort auquel il était habitué jusqu’ici. En travaillant debout, idéalement avec un bureau assis-debout, ou, dans le cas contraire, en changeant d’environnement de travail, vous n’aurez pas le choix que de vous retrousser les manches pour regagner votre siège.

Cela s’explique par le fait que nos cerveaux fonctionnent par association. Ils font des liens sans arrêt, souvent de manière inconsciente, qui finissent par déclencher certains comportements, bons ou mauvais.

Donc, si par habitude vous procrastinez toujours au même endroit, derrière votre écran, dans la même position et aux mêmes heures, il y a de fortes chances que votre cerveau ait fini par associer ce coin-là à un espace où il a le droit de ne rien faire.

Progressivement, vous allez pouvoir instaurer de nouvelles associations positives en faisant de cet endroit votre espace dédié au démarrage des tâches que vous redoutez ou que vous avez tendance à repousser, si bien qu’avec la répétition, votre cerveau finira par assimiler ce lieu à un signal d’action et déclenchera plus facilement l’envie de vous mettre au travail dès que vous vous y installerez.

4. Démarrer avec toute l’énergie dont vous avez besoin

Démarrer sa journée avec toute l’énergie nécessaire, c’est probablement l’un des meilleurs investissements que vous puissiez faire pour votre productivité. Cette énergie conditionne votre capacité à attaquer les tâches importantes sans traîner et à garder la concentration.

La clé pour avoir cette énergie, c’est souvent une bonne routine du matin. Ce n’est pas juste un concept à la mode ou un truc réservé aux gourous du développement personnel.

C’est un enchaînement d’habitudes simples qui, mises bout à bout, préparent votre corps et votre cerveau à affronter la journée.

Concrètement, ça peut commencer par des gestes simples et accessibles à tous. Dans le cas où vous voulez creuser ce sujet, j’ai écrit un article complet pour vous aider à construire votre routine du matin idéale, avec des conseils pratiques et des exemples à adapter selon votre style de vie.

L’essentiel, c’est que cette routine soit à votre image, réaliste et agréable, pas un enchaînement de contraintes qui vous stresseraient dès le réveil. Donc inutile de vous forcer à courir 5 km à 6 h du matin si vous n’êtes pas un lève-tôt. Trouvez plutôt ce qui marche pour vous, bref, un rituel qui vous donne la pêche.

Ce qu’il faut retenir

Vous l’aurez compris, la vraie force pour avancer n’est pas dans la lutte contre vos réflexes naturels, mais dans la manière dont vous les guidez. La loi de Laborit nous rappelle que notre cerveau cherche en permanence à éviter la souffrance ou l’effort immédiat, ce qui explique en grande partie pourquoi on procrastine.

Ainsi, il vaut mieux apprendre à orienter votre environnement et vos habitudes pour que votre cerveau collabore avec vous. Vous créez ainsi un cadre où l’action devient la solution la plus simple, celle que votre cerveau finit par choisir naturellement.

Cependant, cette démarche demande de la patience et de la bienveillance envers soi-même. Après tout, la procrastination ne disparaîtra jamais totalement puisqu’elle fait partie de nous.

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